Dans ce treizième épisode de La Page Sensible, je vous parle du poignant roman initiatique »Ne Tirez pas sur l’oiseau moqueur » de l’Américaine Harper Lee, paru en 1960. Un récit à la fois espiègle et dramatique, qui nous plonge dans l’Alabama ségrégationniste des années 1930, mais du point de vue terriblement attachant d’une petite fille au caractère bien trempé. Ensuite, côté écriture, je vous raconte comment j’ai pu identifier les difficultés qui me bloquent pour terminer les dernières scènes de mon manuscrit actuel… et les bons conseils qu’on m’a donnés pour y remédier !
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« Ne Tirez pas sur l’oiseau moqueur », un classique américain de 1960
Dès sa sortie en 1960, ce roman a connu un succès immédiat aux États-Unis, puisqu’il a reçu le prix Pullitzer en 1961. Il a même été adapté en un magnifique film l’année suivante, sous le titre « Du silence et des ombres ». Depuis, c’est devenu un véritable classique, beaucoup lu dans les écoles américaines, notamment parce qu’il traite de thématiques comme le racisme, la ségrégation et la justice. Mais, pour moi, ce livre est avant tout une plongée dans l’univers espiègle et doux d’une petite fille aussi têtue qu’attachante, qui nous fait découvrir le petit bled d’Alabama où elle a grandi.
Synopsis du roman :
La narratrice est une petite fille surnommée Scout, qui entre à l’école primaire quand le récit commence. Elle vit dans une bourgade perdue du Sud des États-Unis, en pleine Grande Dépression, avec son frère Jem et son père Atticus, qui est avocat. On suit à la fois leurs jeux d’enfants, les histoires qu’ils s’inventent sur le voisinage et l’affaire juridique qui va secouer la région, quand son père acceptera de défendre un jeune homme noir accusé d’avoir violé une femme blanche.
Anecdote : le titre original « To Kill A Mockingbird » a déjà été traduit de trois façons différentes en français, sans compter le titre du film ! C’était d’abord « Quand meurt le rossignol », puis « Alouette, je te plumerai » et, depuis 2005 seulement, l’actuel titre « Ne Tirez pas sur l’oiseau moqueur » (que je trouve sublime).
Pourtant, ce livre est (presque) l’unique roman de l’autrice Harper Lee
Ce roman, qui comporte de nombreux éléments autobiographiques tirés de la vie de Harper Lee, est aussi son premier. Chapeau ! Et vu le succès du livre, on aurait pu s’attendre à une longue carrière d’écrivaine pour cette Américaine, amie d’enfance et collaboratrice de Truman Capote… Pourtant, elle n’a plus rien publié jusqu’en 2015, à l’âge de 90 ans et un an seulement avant sa mort.
Certains prétendent qu’elle aurait publié de nombreux romans sous pseudonyme. D’autres, qu’on lui aurait forcé la main pour sortir ce deuxième roman, « Va et poste une sentinelle », présenté comme la suite de « Ne Tirez pas sur l’oiseau moqueur », car la narratrice adulte y retourne dans sa ville natale. Pourtant, ce manuscrit serait en réalité une version antérieure du fameux roman, écrite dès les années 1950… Que de mystères autour de cette écrivaine et de son œuvre !
Pourquoi lire « Ne Tirez pas sur l’oiseau moqueur » aujourd’hui ?
Pour moi, ce roman n’a pas pris une ride, et voilà pourquoi je vous en recommande la lecture imminente :
- Tout le roman, qui est écrit du point de vue de Scout, retranscrit avec délicatesse et humour les sensations et quiproquos de l’enfance, à travers une héroïne hyper attachante ;
- Sous le regard naïf de la petite narratrice, Harper Lee parvient à aborder sans lourdeur des thématiques pourtant graves : racisme, grande pauvreté, folie, handicap, fondamentalisme religieux, violences sexuelles, meurtre… ;
- Le livre baigne dans une atmosphère dépaysante qui transparaît à chaque page, et notamment dans les dialogues : l’Alabama des années 1930, la poussière rougeâtre, la chaleur accablante et les longs étés passés à traîner entre les vieilles vérandas ;
- Harper Lee nous livre un portrait sociologique de ce petit bled, calqué sur celui où elle a grandi, où les voisins constituent une galerie de personnages hauts en couleurs ;
- L’intrigue comporte des éléments de mystère et de suspense qui empruntent au thriller et au roman policier, rendant la lecture très prenante.
Côté écriture : la dernière ligne droite pour mon propre roman d’apprentissage !
En enregistrant cet épisode de podcast, j’espère sincèrement que c’est la dernière fois que je vous parle des ultimes scènes de mon premier jet. Il ne me reste que quelques pages à écrire pour terminer mon manuscrit en cours, mais je me suis heurtée à des difficultés que, grâce à des discussions avec des amies qui écrivent, j’ai enfin pu identifier :
- J’ai écrit tout le manuscrit comme une sorte d’entonnoir qui entraîne l’histoire vers ces scènes de clôture et, pour cette raison, je crois que je me mets une énorme pression au moment de les rédiger ;
- A la fin du roman, j’aborde des thématiques assez dramatiques, et donc difficiles à écrire (que ce soit d’un point de vue technique ou personnel) ;
- Face à ce sujet plutôt « grave », le complexe de l’imposteur refait surface : j’ai peur de ne pas être « légitime » pour l’écrire, ou de « mal » aborder certaines thématiques délicates…
Pour me débloquer, j’ai essayé de me rappeler qu’il ne s’agit que d’un premier jet, qui ne doit en aucun cas être parfait. Je vais donc tenter de « bâcler » cette fin, même si la perfectionniste en moi frissonne d’écrire ce mot… Pour m’y aider, j’ai pris la décision ferme de terminer ce premier jet d’ici la fin de la semaine, quoi qu’il arrive. Comme ça, je pourrai enfin me consacrer à la troisième réécriture de mon premier roman, qui m’appelle avec insistance depuis des mois ! Je le sens, plus que jamais, j’ai besoin de terminer ce premier manuscrit et de clôturer un projet avant d’avancer sur les (nombreux) autres.
À très bientôt pour un nouveau journal de lecture et d’écriture !
« Ne Tirez pas sur l’oiseau moqueur » est un grand classique aux États-Unis, mais je me demande si vous l’avez déjà lu ? Si oui, quelle lecture en avez-vous faite, si longtemps après sa parution ? Et si ça n’est pas le cas, j’espère que je vous ai donné envie de découvrir cette œuvre magnifique.
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